Vous étiez là
vous étiez là, présente en moi, presque mourante
et d'un silence nous avons fait l'espace entier,
comme si pouvait finir ce qui ne savait même par où commencer
j'étais à vos côtés, mais on ne se noie qu'en soi, n'est- ce pas ?
un homme de peu. un trottoir où vient se briser chaque pas
vous marchiez devant moi, telle une fiancée
j'avais envie - je ne sais si au souffle, ou de le retenir
quelque chose s'envolait, qui me clouait sur place
une vérité ne suffira pas - on se contentera cependant de cette insuffisance
vous me parliez comme si je n'étais là pour vous qu'à cette seule fin, de vous entendre et vous énoncer vous-même
quelque chose de l'azur fermentait
j'allais nu-pieds
je cherchais ma douleur, ces allées de gravier, fausses ou fleurs fânées, ce ciel toute pitié
je cherchais ma douleur- une telle joie l'incarnerait, me suis-je dit tout en parcourant votre odeur
là vous vous dressiez, où déjà je sombrais
vous précèdais-je, sur la route à grands pas ?
passais-je sur votre nuque le cri chaud de mon souffle ?
tout mon être crissait, stridence- je ravalais comme je pouvais la salive
de vous aimer, rauque d'aimer, de vous cracher dessus, de vous cracher dessous,
de me noyer dedans...
demain la mer
n'aura pas d'autre goût...