Vous étiez là

par Camille Couturier

publié dans Littoral intérieur

vous étiez là, présente en moi, presque mourante

et d'un silence nous avons fait l'espace entier,

comme si pouvait finir ce qui ne savait même par où commencer

j'étais à vos côtés, mais on ne se noie qu'en soi, n'est- ce pas ?

 

un homme de peu. un trottoir où vient se briser chaque pas

vous marchiez devant moi, telle une fiancée

j'avais envie - je ne sais si au souffle, ou de le retenir

quelque chose s'envolait, qui me clouait sur place

 

une vérité ne suffira pas - on se contentera cependant de cette insuffisance

vous me parliez comme si je n'étais là pour vous qu'à cette seule fin, de vous entendre et vous énoncer vous-même

quelque chose de l'azur fermentait

j'allais nu-pieds

 

je cherchais ma douleur, ces allées de gravier, fausses ou fleurs fânées, ce ciel toute pitié

je cherchais ma douleur- une telle joie l'incarnerait, me suis-je dit tout en parcourant votre odeur

là vous vous dressiez, où déjà je sombrais

 

vous précèdais-je, sur la route à grands pas ?

passais-je sur votre nuque le cri chaud de mon souffle ?

tout mon être crissait, stridence- je ravalais comme je pouvais la salive

de vous aimer, rauque d'aimer, de vous cracher dessus, de vous cracher dessous,

de me noyer dedans...

 

demain la mer

n'aura pas d'autre goût...

Vous étiez là
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